MISSION SUR BOCHUM
le 4/5 novembre 1944
L'hommage de Mrs Pat Martin Woodgate à son jeune époux, le sergent Henri Martin, mitrailleur-supérieur de l'équipage du lieutenant Hyenne (Groupe Guyenne), tué le 4 novembre 1944 avec tout son équipage lors de la mission sur Bochum.
Cette nuit tragique du 4 novembre 1944 dans l'histoire des Groupes Lourds et notamment celle du Guyenne, resta aussi pour Mrs Pat Martin Woodgate une triste date anniversaire durant toute sa vie. Ce soir-là en effet elle perdit l'homme qu'elle aimait passionnément et qu'elle venait d'épouser seulement sept semaines plus tôt, le sergent Henri Martin, mitrailleur-supérieur de l'équipage du lieutenant Hyenne, tué avec tout son équipage lors de la mission sur Bochum. Le jeune couple venait juste d'apprendre que Pat attendait un bébé. Leur fils Paul naquit huit mois plus tard.
Avant de rencontrer Henri Martin, Phyllis Joyce Pattimore, surnommée Pat, travaillait au département de la censure du courrier du Ministère de la guerre à Liverpool. Parlant couramment français, elle joua également un rôle de courrier pour le compte du SOE et fut ainsi parachutée plusieurs fois au-dessus de la Normandie pour aller porter des messages à la résistance.
Interviewée en 2009 par Geneviève Monneris, Mrs Pat Woodgate (décédée en 2011) nous a laissé un témoignage bouleversant sur cet évènement tragique.
(Geneviève Monneris)
Les membres d'équipages du 346 GUYENNE tués le 4/11/1944 sur BOCHUM
Equipage du Lieutenant HYENNE.
De toutes les nuits vécues par les groupes lourds, celle du 4 au 5 novembre 1944 au cours de laquelle 5 équipages du groupe Guyenne sur les 16 engagés furent abattus par la chasse allemande est certainement la plus tragique. L'équipage du lieutenant Hyenne est abattu à Dashaussen. Les 7 membres de l'équipage sont tués. Ils ont été inhumés au cimetière civil du champ de course à Dortmund (Ruhr) le 11 novembre 1944.
Equipage du Lieutenant VLES.
Peu après le passage sur l'objectif, le Halifax du lieutenant Vlès est attaqué par un chasseur de nuit. Sévèrement touché, il prend feu immédiatement et commence à s'incliner. Le pilote, l'adjudant Hannedouche donne l'ordre d'évacuation. Le lieutenant Vlès, ouvre la trappe d'évacuation avant. Il s'apprête à sauter quand, dans la fumée qui envahi la carlingue, il aperçoit son radio, le sergent Vlaminck, plaqué contre la paroi et dans l'incapacité de bouger. Il n'hésite pas. Il s'avance vers lui, réussit à l'extirper, à le tirer vers la trappe, au prix d'efforts inouïs, il le pousse dans le vide.
Quelques secondes plus tard, l'avion explose. Le pilote, l'adjudant Hannedouche, est éjecté de l'avion et se retrouve, descendant attaché aux sangles de son parachute. Le sergent Olive, mitrailleur-arrière, réussit à sauter avant l'explosion mais est tué au sol par les Allemands. Les 5 autres membres de l'équipage périssent dans l'accident. Le sergent-chef Olive a été inhumé au cimetière de Burq. Le lieutenant Vlès, le Sous-lieutenant Lambert, les sous-lieutenants Beauvoit et Limacher ont été inhumés au cimetière de Wermelskirchen.
Equipage du Capitaine BARON
Dans la nuit du 4 au 5 novembre 1944 le Halifax du capitaine Baron est attaqué par un chasseur de nuit au retour de mission. Trois membres de l'équipage sautent en parachute et sont sains et saufs. Les quatre autres périssent dans l'avion qui s'écrase à 15 miles nord-est de Vandelindoven. Au cours de ce raid, le lieutenant-colonel Dagan de l'Etat-major de Londres avait tenu à effectuer une mission de guerre afin de se rendre compte de visu des difficultés afférentes. Cette nuit-là, il occupait la place de deuxième pilote. Lui aussi trouve la mort dans l'accident. Les cinq tués ont été inhumés au cimetière de Norf.
Equipage du Lieutenant DABADIE.
Le Halifax du lieutenant Dabadie est attaqué par-dessous. Le feu se déclare immédiatement au moteur intérieur gauche. Le lieutenant Dabadie appelle le pilote, l'adjudant Guise, qui ne répond pas, probablement tué par la rafale. Dabadie donne alors l'ordre de sauter. Il ouvre la trappe d'évacuation avant, mais celle-ci se coince. Dabadie et le bombardier, le lieutenant Ponthuau, son enfermés dans la partie avant de la carlingue. Le radio, le sergent-chef Alavoine, s'approche de la trappe. Dabadie lui fait signe de sauter et Alavoine évacue après avoir jeté un coup d'oeil vers l'arrière et vu le mécanicien, le sergent Lelong, tenter de mettre son parachute dans la fumée épaisse. Pendant ce temps, le mitrailleur-supérieur, le Sergent Vautard ouvre la porte arrière et se précipite dans le vide. L'avion tombe à Hückelhoven (20 km N.O de Cologne). Ils seront les deux seuls rescapés. Dabadie et Guise ont été inhumés au cimetière de Hückelhoven. Les 3 autres corps n'ont pas été retrouvés.
Equipage du Capitaine BERAUD
Toujours au cours de la même nuit, le Halifax du Capitaine Beraud est atteint par une rafale de mitrailleuse d'un chasseur de nuit. Les sept membres de l'équipage réussissent à sauter en parachute. Hélas, deux d'entre eux ne survivront pas: le lieutenant Raffin tombe sur une ligne à haute tension et meurt électrocuté. Le Capitaine Beraud pour sa part tombe non loin de là, son parachute déchiré. Ils avaient déclaré que "quoi qu'il arrive" ils resteraient unis. Ils le sont dans la mort, enterrés dans le même cimetière, le cimetière communal de Stommein.